16/02/2021
Le spectacle peut venir à nous au travers de l'art, puisque les affiches destinées à les promouvoir peuvent être de véritables œuvres. A la fin du 19e et au début du 20è siècle, ce sont des artistes peintres qui contribuent à la promotion des salles de spectacles. Jules Chéret en est l'exemple emblématique.
Il signe ici une affiche pour les Folies Bergère, cabaret dans lequel se produisait la danseuse américaine Loïe Fuller. Si vous n'avez pas eu l'occasion de voir le court film de sa "danse serpentine", je vous conseille de le regarder. Dans sa grande robe ample, elle cache de longues baguettes qui lui permettent des jeux d'étoffes ondoyants, soulignés par un travail de la lumière. L'usage de projecteurs aux couleurs changeantes était alors très novateur.
Le mouvement est léger, comme le sont les voiles, libérés de la contrainte du corset. Mouvement tout en rondeur, en souplesse. Les cheveux détachés, libres aussi. La femme y apparait joyeuse.
On retrouve sur l'affiche l'énergie que la danseuse déployait sur scène, avec un instant saisi sur le vif. Les couleurs vives, oranges, jaunes, rouges et verts, devaient attirer le regard des passants. La graphie est, elle aussi, toute en courbes. Comme un manifeste de l'Art Nouveau, mouvement si éphémère, mais si marquant au tournant du siècle.
10/02/2021
Les tons utilisés sont clairs et rendent particulièrement bien la vive luminosité due au soleil se reflétant sur la neige. Beaucoup de blanc, certes, mais si l’on s’approche, on s’aperçoit qu’il est mêlé à de multiples taches colorées, allant du bleu au beige, avec des nuances de rose et de jaune. Roses aussi, les murs des maisons, tandis que des bruns structurent le tableau, par les lignes verticales et horizontales de la barrière et des arbres.
Les branches qui servent de barrière rudimentaire sont à peine esquissées. A ce détail, on comprend le terme « impressionniste » attaché à Monet et à cette œuvre en particulier. Il parvient en effet, sans donner de précision au trait de son pinceau, à nous faire percevoir l’atmosphère froide et claire du moment saisi.
Une pie, perchée sur une barrière en bois, est le seul signe de vie dans ce paysage d’une belle journée ensoleillée. L’oiseau n’est pas bien grand, mais loin de se contenter de donner son nom à l’œuvre, il l’anime, en un contraste noir, se détachant sur le fond du tableau.
Carte d’identité de l’œuvre
Date : peint entre 1868 et 1869
Taille : 89 cm x 130 cm
Technique : huile sur toile
Lieu d’exposition : Musée d’Orsay - Paris
Iimpressionnisme
pour des détails de l'oeuvre, c'est ici : https://www.arteliem.com/La-pie-Claude-Monet.p.htm
08/02/2021
La scène se passe au Moulin de la Galette, sur la butte Montmartre. Le Sacré-Cœur n’existait pas encore à l’époque.
Au premier plan, un groupe discute. Les femmes sont charmantes, élégantes sans être trop apprêtées. L'ambiance n'est pas guindée, il suffit de regarder l’attitude des uns et les autres. Une femme, installée sur un banc, se retourne vers son interlocuteur, tandis qu’une de ses amies se penche vers elle, lui posant familièrement la main sur l’épaule. Les canotiers, chapeaux melon et hauts-de-forme se mêlent, traduisant une mixité sociale bon enfant. Signe de décontraction pour l’époque, les femmes ne portent pas toutes de chapeau. A gauche, deux enfants semblent totalement indifférents à la scène.
Au second plan s'élancent les danseurs. Alors que la foule est compacte, Renoir a su attirer notre regard autour d'un couple, en lui ménageant un espace libre et en jouant avec la lumière qui vient éclairer la robe de la femme. Le peintre figure, à grands traits, le tissu et les nœuds du vêtement, dans un flou que l’on retrouve sur l’ensemble de la toile et donne une impression de mouvement.
Renoir a représenté ses amis, des peintres, des écrivains, des modèles. Tous ceux qu’il a fait poser ont été identifiés.
En arrière-plan, on devine quelques bâtiments, dont celui où l'orchestre s’est installé, et l’assemblée, joyeuse, profitant d'un moment sans contraintes.
La palette est variée, mêlant au bleu-noir des couleurs plus claires et chatoyantes. Les robes ont des reflets bleus et roses. L’ensemble paraît avoir été peint au travers des branches, les feuilles laissant passer de grandes taches de lumière. Au-dessus des personnages, lampadaires et lustres forment une frise lumineuse. Tout en haut, un peu de verdure. Par endroit, les contours du dessin semblent s’effacer, ce qui est particulièrement visible pour la chevelure de la fillette et le vêtement du jeune garçon.
Carte d’identité de l’œuvre
Date : peint en 1876
Technique : huile sur toile
Taille : 131 x 175 cm
Lieu d’exposition : Musée d’Orsay (Paris)
Impressionnisme
28/01/2021
Elle seule montre son visage, à peine esquissé. Peut-être profite-t-elle de la lumière du jour pour travailler à son ouvrage.
A moins que ce ne soit un moyen de voir ce qui se passe à l’extérieur, ou de surveiller les deux enfants qui jouent devant la maison (les seuls enfants de toute l’œuvre de Vermeer). Nous ne devinerons pas leur jeu, pas plus que nous pourrons déterminer ce qui occupe la femme, penchée sur un tonneau, visible par l’encadrement d’une porte donnant sur une cour intérieure.
Aucun de ces quatre personnages ne se tourne vers les spectateurs, aucun n’est identifiable. Tous semblent faire partie du paysage, sans vraiment animer cette rue apparemment si calme. La vie domestique s’écoule, simple et quotidienne.
Le ciel est gris, et ce n’est pas du soleil que provient la luminosité du tableau, mais plutôt de la base claire des murs, peints à la chaux.
Vermeer nous entraîne dans une rue de Delft, ville flamande qu’il habitait. La maison du premier plan montre un beau pignon à gradins, caractéristique de l’architecture du nord de l’Europe. Il forme comme un escalier et cache le toit. Certains y voient un souvenir des fortifications crénelées, mais son intérêt est uniquement ornemental. Cette façade caractéristique occupe la moitié du tableau. Les autres pignons, sur des maisons plus basses, sont plus simples, triangulaires. Entre ces toits, le ciel forme un triangle de sens inverse.
Les détails sont d’une extrême précision, on pourrait presque sentir sous les doigts le grain des murs de brique, en percevoir les moindres fissures, tant l’usure des matériaux est représentée avec précision.
La perspective est parfaite, les bâtiments successifs nous emmènent très loin, vers un ciel où s’accumulent les nuages. Le tracé du pavage et le caniveau, servant à l’écoulement des eaux, participent à l’impression de profondeur du tableau.
L’alternance des volets ouverts et fermés, rouges et verts, rythment la composition.
Sur le mur blanc de gauche, la signature se laisse deviner : I·VMeer
Carte d’identité de l’œuvre
Date : vers 1658
Technique : huile sur toile
Taille : 54,3 x 44 cm
Lieu d’exposition : Rijksmuseum (Amsterdam – Pays-Bas)
Siècle d’or néerlandais (peinture flamande)
27/01/2021
Il est vrai que les bords de mer peuvent voir le temps changer rapidement. Une averse, un orage, puis le vent balaie ce qui reste de nuages, laissant une terre comme nettoyée par ce grand ménage venu du ciel. Le peintre parvient à nous faire ressentir un soleil d’une grande luminosité au travers des nuages.
Il n’y a rien ici que le paysage. Aucun être humain. Pas d’animaux. Le ciel, la falaise, la plage, un peu d’herbe rase. Mais quel lieu exceptionnel !
La précision du dessin est presque photographique. Les barques situées au premier plan laissent deviner leur contenu. Leur coque noire tranche avec le beige du sable. Les ombres sont nettes, sur la plage comme sur l’herbe et la mer.
La falaise, massive, imposante, occupe une grande partie de la toile. L’arche de pierre l’allège à peine. Mais dès que notre regard glisse à droite, la perspective nous entraîne alors dans le lointain, vers l’horizon.
Courbet a peint les falaises d’Etretat à plusieurs reprises. Elles sont si hautes, et leurs arches, si étonnantes, qu’il n’est pas surprenant qu’elles lui aient servi de modèle ! La Porte d’Aval, puisque tel est le nom de celle représentée sur ce tableau, a fait le bonheur d’autres peintres, en particulier des impressionnistes. Ils sont venus nombreux fixer sur la toile la falaise de craie blanche, et ce fascinant passage dans la mer (Etretat en comporte deux autres), creusé par une rivière souterraine dont le lit longe la plage.
Carte d’identité de l’œuvre :
Date : peint en 1870
Technique : huile sur toile
Taille : 130 x 162 cm
Lieu d’exposition : Musée d’Orsay (Paris)
Réalisme